« perhaps vampires is a bit strong but... »- eleanor roussel

L'innoncence. C'est bien beau, mais ça frise le ridicule, avons le. J'ai toujours détesté rester la petite fille modèle, sage et patiente que mes parents essayaient de faire de moi. Le fait d'essayer de me préserver de toute forme malsaine soulignait leur peur du débordement, du non contrôle. A vrai dire, mes parents étaient de grands enfants, immatures et trop tournés vers eux même pour accepter que quelqu'un d'autre contrôle leurs vies, la face cafouiller. Alors je n'avais droit à rien, sauf rester dans mon ignorance, qu'ils appelaient innocence. Des grands carriéristes, mes parents. Toujours absents, absorbés par leur travailles, leur joli petit couple. Je me suis toujours demandé pourquoi ils avaient décidé de vivre ici, à Raven Gates. C'est vrai ça, ils auraient du vivre dans une grande ville de Californie, entre les palmiers et autres plages bondées. Ils étaient comme... nés pour ça. Beaux, riches, jeunes. Mais non, ils avaient choisi cette minuscule ville, horriblement pluvieuse. C'est vrai, je hais cette ville, et pourtant, c'est là que j'ai grandit.
On dit qu'avec des si, on referait le monde. La preuve, si mes parents n'avaient pas mis les pieds ici, si ils ne m'avaient pas préservé dans l'innocence de l'enfance, ma vie serait différente, aujourd'hui. J'en reste persuadée. Vous savez, en trois ans d'enfermement, on a le temps de cogiter.

« On n'est pas heureux : notre bonheur, c'est le silence du malheur. »
Jules Renard

— « Ele, arrête de réfléchir. C'est mal. »
— « Pas plus de regarder sans arrêt cet énooorme bidon qui pousse sous mon pull, Jonathan. Il va pas s'échapper. Pas encore. »

Je regardais ce dit Jonathan avec un sourire faussement maussade accroché à mes lèvres, ma main posé sur mon ventre, déjà rebondit. Assise côté passager de la voiture argenté de mon beau monsieur Schneider, j'avais sorti ma tête par la fenêtre, laissant mes cheveux longs et châtains voler dans tous les sens. Contrairement à ce que Jonathan prétendait, je ne réfléchissais pas. Bien au contraire, j'essayais de ne pas réfléchir, fermant mes paupières sur mes yeux mi bleus mi verts. Nous nous rendions à la salle des fêtes où la soirée donnée en l'honneur de nos fiançailles avait lieu. Une boule s'était installée dans mon estomac, soulignant le stress qui m'envahissait. Pourtant, je n'avais jamais été du genre stressée, bien au contraire. J'étais presque tout le contraire : imprudente, inconsciente du monde qui m'entourait et des conséquences de mes actes. Je n'avais jamais réellement été angoissée, sûrement aussi parce que je ne me préoccupais de rien, que je préférais m'amuser sans réfléchir.
La boule au ventre logée dans mon estomac, c'était celle de la peur. La peur de l'inconnu, de ce qui allait ce passer. La peur que ce bonheur qui était si près de moi file entre mes doigts, m'échappe. A ce moment là, je ne me rendais pas compte que j'avais raison d'avoir peur comme ça.
Dans la voiture une musique s'échappait doucement de l'auto-radio. J'avais enfoncé dans cette dernière un cd de Muse, qui avait le don d'exaspérer. Non, en fait ce n'était pas la musique en elle même qui l'exaspérait, c'était moi, et ma maudite mémoire. Chaque notes, chaque mélodies, chaque sons, étaient encrés en moi. J'avais une mémoire infaillible. Je l'ai toujours d'ailleurs. Même si certains moments de ma vie restent flous, je garde chaque moment dans mon esprit. Et malheureusement, aucun d'eux ne semble désirer me quitter. Cela dit, cette mémoire qui ne me servait bien souvent que pour des futilités m'a aidé de nombreuses fois. Les gens me faisaient confiance, se disaient que si j'affirmais que quelque chose s'était passé, j'avais raison. Alors je mentais, plus facilement qu'un ado de 15 ans qui cache des magasines sous son matelas. J'y arrivais avec une facilité déconcertante, comme si c'était une deuxième nature pour moi. Je bernais, manipulais les gens, et j'adorais ça, leur créant des illusions qu'ils croyaient dur comme fer. Il n'y avait qu'une personne qui avait compris mon petit stratagème, et c'était le grand brun assit à mes côtés. Celui que j'allais épouser quelques mois plus tard. Moi, Eleanor la volage j'allais me marier. A l'époque, on m'aurait dit cela, ou que les vampires existaient, j'aurais éclaté d'un rire mauvais à vous faire ravaler vos paroles.
Jonathan avait en quelques sorte été mon sauveur, mon héros des temps modernes. J'étais folle amoureuse de lui, et c'en était complètement ridicule. J'avais toujours détesté les histoires d'amour, fictives ou non. Ce que j'aimais, c'était m'amuser, changer de petit ami comme de petite culotte. Pas rester accrochée à un homme, salivant à chacune de ses phrases, un sourire béat aux lèvres. Alors les 17 premières années de ma vie se résumaient à ça, jusqu'à ce que je le rencontre, et devienne la plus communes des adolescentes. Me refusant à devenir une fille normale, je me suis refusé de l'aimer, au début. Et puis, j'ai craqué. J'ai craqué jusqu'à tomber enceinte de lui, à attendre un petit homme de lui, à désirer me marier avec lui. Et ce jour là, c'était nos fiançailles, notre bonheur que l'on fêtait. Entre ma légendaire façon d'être excessive, excentrique, la joie qui se lisait sur les lèvres de mon aimé, et nos amis presque aussi fous de bonheur que nous, la vie avait un bon goût. Un goût de bonbons acidulé, de recettes de grand-mère, et de tout un tas de souvenirs d'enfance. Un goût qui ne tarda pas à devenir ferreux; un goût de sang.

Ma tête me brûlait, horriblement. J'en ressentais la douleur et pourtant je n'arrivais pas à en décrire les sensations, comme si j'étais déjà ailleurs. Je me sentais si légère et si lourde, si brûlante. Pourtant, ma peau était glacée, j'en étais persuadée. Sur mon front quelque chose coulait. J'étais alors convaincue que c'était du sang, mon sang, mais je me trompais. C'était chaud, salée, mais pas rouge. Incolore. Des larmes, c'était des larmes. Celles de Jonathan, presque en plus piteux état que moi. Son souffle autrefois fort, rassurant me semblait si faible, si fragile. J'aurais voulu ouvrir mes yeux, le rassurer. Faire quelque chose. Mais je n'y arrivais pas. Un silence pesant s'était installée dans mes oreilles, et je sombrais. Pour moi, j'étais morte, ou je n'en étais pas loin.
Et puis, plus rien.

Un plafond. C'est la première chose que j'ai vu à mon réveil, des jours après le massacre. Je ne me souviens que de peu de chose. Tout le monde était heureux, Jonathan et moi y compris. Et une sensation de froid, de crainte avait envahie la salle. Ce n'est que plus tard que j'ai pu poser un nom sur les choses qui étaient entrées dans la salle des fêtes. Des vampires. Je me souviens parfaitement de la réaction que j'ai eu en les voyant. J'étais fascinée. Un mélange de crainte et d'admiration. Pourtant, je ne suis pas du genre impressionnable, du moins je ne l'étais pas. Je croyais avoir tout vu. Il étaient si beaux, si arrogants. Je regrette tant d'avoir pensé ça. Tous les regards s'étaient tournés vers eux. Libby Jezabel Martinez et Innocent Holroyd venaient de rentrer dans une violence et une grâce sans pareil. J'avais si peur, mais j'avais vraiment envie de les connaître tant ils étaient beaux, magnifiques. Mais pas encore assez magnifiques pour que j'en oublie tout le mal qu'ils nous ont fait. Ils ont tout détruits avec une facilité et un amusement sans pareille, comme un enfant qui détruit son château de sable sur la plage. Comme quelqu'un qui souffle sur un château de carte, le rire aux lèvres.
es amis, mon univers, mon amour, mon enfant. Tout y fut détruit. Le petit royaume dont j'étais la reine avait été rasé, la couronne que je portais brisée.
Et sortant de la brume un anti-héros s'était montré, m'avait aidé. J'étais pourtant si persuadée que j'étais décédée. Cela dit, la douleur si intense que je ressentais aurait du me mettre sur la voix, m'avertir que je n'étais pas morte. Des jours de souffrance ne pouvait être la mort, j'en étais certaine. J'avais perdu mon âme, ma vie, mais j'étais toujours là. En enfer, certes, mais toujours sur la terre. Cet anti-héros, c'était Mattis. A l'époque, j'ignorais son nom mais je n'allais pas tarder à le découvrir. Tout comme ce qu'il s'était passé, ce que j'étais devenue.

Ma peau était extrêmement pâle glacée, je ne ressentais pas le besoin de respirer, j'étais plus forte, plus rapide qu'auparavant. Mais surtout, j'avais faim : faim de sang. J'étais devenue comme eux, comme ces monstres qui m'avaient tout volé. J'ai pourtant appris à ne pas en être, à être végétarienne comme les gens de cette espèces s'amusent à dire.
Auparavant, je n'étais pas solitaire, j'adorais le monde, être vue, remarquée. J'adorais trop en fait. Mais là, ma vie avait changé. J'avais changé. Seul mon amour pour Jonathan était resté intacte. Au fond de moi, je suis persuadée qu'il n'est pas mort. Peut-être est-il devenu un vampire, tout comme moi. Peut-être a-t'-il rejoint ces deux monstres sanguinaires... impossible. Il n'est pas mort, c'est tout. Je me forcerais d'y croire jusqu'à la fin, si elle arrive un jour.

Voilà trois ans que ma vie se résume à errer dans un manoir que je connais désormais presque par coeur. Trois ans que je ne dors plus, que je ne fait que réfléchir. On ale teps de cogiter quand on est un être de la nuit, vous savez. Je devrais être ère et mariée, à présent. au lieu de ça, je me sens affreusement seule. Certes avec moi il y a Mattis, celui qui m'a recueilli, apprit à vivre avec ma différence. Mais même avec lui je reste fermée. Soyons réalistes, je suis enfermée dans cette carapace que je déteste à présent.