« Un étrange hasard. » | f e l i c i a

Mattis avait attendu quelques jours avant de se décider à aller la voir, il ne savait pas réellement comment agir & quelle serait la meilleure façon de l'aborder car normalement, puisqu'il n'avait pas changé d'un trait, elle ne pourrait que le reconnaîtrait, sauf problème de mémoire évidemment. Quelqu'un de censé lui aurait sans doute dit qu'il se trompait et que cette odeur devait appartenir à quelqu'un d'autre que Félicia, mais Mattis savait pertinemment qu'une odeur est unique. Celle-ci appartenait à Félicia et à personne d'autre, cela était impossible.

Un soir il se décida enfin à bouger. Il fit un petit tour dans la ville au volant d'une magnifique voiture de sport, les

fenêtres grandes ouvertes. Après avoir tourné en rond pendant quelques minutes, il retrouva enfin l'odeur qu'il cherchait : celle-ci provenait désormais de l'intérieur d'un restaurant. Mattis se garra et sortit de la voiture. Il n'était pas stressé mais plutôt curieux; que pouvait-elle faire là ? A quoi ressemblait-elle maintenant ? Que s'était-il passé ? Et puis il se souvenait dans quelles circonstances il l'avait quitté, il avait été un parfait salaud bien qu'il n'avait pas pu faire grand chose & qu'il était partit pour son bien en définitive.

Mattis entra dans le restaurant et avant même qu'il ait pu repérer le but de sa visite, une main se posa sur son épaule.

Monsieur Hemingway ? Quel plaisir de vous voir, cela fait si longtemps !

Le patron du restaurant venait vraisemblablement d'être mis au courant que le célèbre -aussi bien que l'étrange- Mattis Hemingway, venait de mettre les pieds dans son restaurant. Mattis lui adressa un sourire, et en sa grande capacité de persuasion lui venant de son côté "obscure", il parvint aisément à ce que le patron du restaurant retourne vaquer à ses occupations. Où pouvait être Félicia ? Il finit par la repérer non loin de là, au bar. Mattis s'approcha doucement.

Bonsoir.

Dit-il d'une voix feutrée.

C'est vraiment toi ?

Il n'avait jamais pensé pouvoir revoir Félicia, d'un point de vue scientifique, c'était totalement impossible. Bien entendu, de part son statut & son expérience, il ne pouvait difficilement s'attarder qu'au côté scientifique des choses car lui-même ne devrait plus exister. Et puis ne prendre en compte qu'un seul point de vue était ce restreindre les possibilités, et Mattis avait horreur de cela. Cependant, lorsqu'il avait, pour la première fois depuis des décennies, sentit à nouveau l'odeur de la jeune femme, cela l'avait plus que surprit. On ne pourrait pas réellement dire que son coeur s'était arrêté de stupeur, mais c'était tout comme. Jamais il n'aurait pu concevoir le fait qu'elle existait toujours; cela lui paraissait totalement impossible. Les frasques de son côté humain sans doute. Le restaurant commencait de plus en plus à être bondé, ce qui paraissait normal puisque ça allait être l'heure habituelle pour les gens de venir dîner. Mattis remarqua qu'on le fixait de manière étrange et cela pouvait être compréhensible : tout d'abord il était un écrivain renommé et qui était perçu comme légèrement étrange, il sucitait donc pas mal les regards. Et puis il devait bien admettre -et on le lui avait souvent dit- qu'il avait une façon d'être, d'agir, quelques peu différente que les 3/4 des humains (sans doute normale puisqu'il n'en était pas un). Bon nombre de femmes le fixaient assez souvent et dans le regard il percevait un mélange d'interêt, d'envie et quelques infimes peurs. Mais Mattis ne prêtait que rarement attention à cela, à force il s'en lassait et l'attention que l'on pouvait lui apporter concernant son physique, ne représentait rien pour lui. Il prêtait bien plus attention à la reconnaissance qu'on lui donnait vis à vis de son talent d'écrivain par exemple, cela comptait bien plus à ses yeux. Déjà étant humain il appréciait grandement l'écriture, et depuis qu'il était vampire il avait eut tout le temps pour apprendre, plus rien ne le freinait réellement, il avait l'éternité devant lui.

« Félicia ... » murmura-t-il doucement mais assez audiblement pour être entendu de la jeune femme. Ses yeux pétillaient de malice et d'une envie irrésitible de l'assaillir de questions, mais en bon gentleman, Mattis s'abstint. L'étonnement ne se lisait plus dans son regard tout simplement parce-qu'il savait déjà depuis quelques jours qu'elle était vivante et présente à Raven Gate, mais sans quoi il serait sans doute tout aussi étonné qu'elle. Cela paraissait normal, ils ne s'étaient plus revu depuis de longues décennies. Mattis se rappelait néammoins tout ce qu'il s'était passé et il avait tout à fait conscience de s'être conduit en parfait salopard, bien que ça soit pour le bien de la jeune femme. Il ne pouvait décemment, à l'époque, se présenter du jour au lendemain devant elle, comme étant devenu un vampire. Surtout qu'il était "jeune" & terriblement dangereux, et il ne souhaitait pas lui faire de mal.
Lorsque la jeune femme lui demanda si c'était vraiment lui, un sourire s'afficha sur son visage et il lui murmura un « Pourrais-tu en douter ? » sur un ton espiègle.

Il regarda autour de lui, la jeune femme était-elle accompagnée ? Il repéra du coin de l'oeil, une table libre, plus loin, en retrait.

« Je t'invites à dîner, ça te dit ? A moins que tu ne sois attendue ... »

Je crois que la personne que j'attendais, elle se trouve devant moi.